+ 1 (707) 877-4321
+ 33 977-198-888

Journal d'un TELien (24)


Journal d’un TELien (24)

Dimanche 25 avril 2004.

J’ai, moi qui suis d’un naturel plutôt tiède, la colère dessus… en conséquence il vaut mieux que je rentre ma mine et que je t’épargne, mon cher journal, d’une litanie de mots grossiers, plaintifs ou récriminants. Mais rassure-toi, les raisons de ma colère n’ont rien à voir avec nos petites confidences habituelles… c’est de l’ordre du privé, du quotidien, et je n’ai pas à t’incommoder avec ces histoires-là. Nous sommes, toi et moi, sur un autre terrain d’entente… nous sommes de connivence quant à l’autre aspect de ma vie, celle du peintre ; le côté " trivial " de mon existence, c’est pour ma pomme, et elle seule.

Alors à demain, si je le veux bien !

Lundi 26 avril 2004.

La nette impression qu’il va encore me servir un peu de sa philosophie de cyclopédiste… " Et vous en vendez, de vos machins… ? " Mais qu’est-ce qu’il m’a pris de sortir au moment où il arrivait ? Ce sont de telles inconséquences qui un jour me perdront.

À force de mettre des magazines spécialisés dans ma boîte aux lettres, le facteur a fini par se douter qu’il se tramait au 28 (chez moi, en l’occurrence) des choses pas très catholiques ; d’autant que si lui était toujours à traîner les trottoirs, il n’avait pas été sans remarquer que de mon côté je ne pointais pas chez Big Boss. À l’occasion des dernières étrennes, il s’est attardé à la maison, devant un verre ou deux, et sa curiosité en fut toute satisfaite. " C’est donc ça ! Vous êtes un artiste ! Je me disais aussi…". Ce jour-là, il n’en démordait pas : je devais tout faire pour que mes peintures figurent sur le calendrier des P&T en lieu et place des sempiternels chatons ou chiots que le service public s’entêtait à proposer aux abonnés.

Ce matin donc, à l’heure de la tournée, et tandis que j’allais acheter le journal (j’avais entendu à la radio les bruits qui couraient à propos du nouveau budget que nous préparait notre nouveau ministre, et je voulais voir d’un peu plus près de quoi il retournait pour ce qui était de la culture), mon bonhomme de facteur me tend un pli, et l’humeur en baguenaude il me relance sur ses inquiétudes, me concernant. " Parce que si vous les vendez pas, vos machins, je me demande à quoi ils peuvent bien vous servir…". C’est quand même bien de savoir que quelqu’un se pose à votre place les questions essentielles. " Vous croyez pas que vous feriez mieux de travailler ? Vous avez des gosses, non ? Ça ne doit pas être tous les jours Noël, pour eux…". Je l’ai laissé à son monologue, non pas que je méprisais ses interrogations sensées, mais il était assez nombreux à lui tout seul pour remuer le couteau dans la plaie. " Hein ! Franchement ? Regardez, moi, c’est pas que je gagne des milles et des cents, mais aux moins, mes gosses ont de quoi… et ça tombe tous les mois."Je lui ai demandé si ça lui plaisait, ce qu’il faisait ; et d’une manière plus générale si la vie qu’il menait le satisfaisait. " S’agit bien de ça ! Parce que quand on a des responsabilités, le reste passe après !" Je lui ai dit mon admiration devant sa sagesse. Et me suis accusé d’avoir de la mauvaise graine dans mes gènes. " Ça doit être ça, oui ! " qu’il a conclu avant de renfourcher sa bicyclette jaune.

" Dites ! Vous ne voulez pas en acheter un, de mes machins ? " que je lui ai lancé à la va vite, et quelque peu taquin.

" Parce que vous croyez que j’ai de quoi ? Et puis, qu’est-ce que j’en ferai, de votre machin ?

- L’accrocher au mur, peut-être…

- Y a déjà le poster du carnaval de Venise, et ma femme y tient comme à la prunelle de mes yeux.

- Tant pis…".

Mardi 27 avril 2004.

De m’être posé un instant le fondement sur le banc, devant le pas de la porte, a été une bonne inspiration. Ce n’est pas tous les jours qu’une vache – cornes en tête, queue au vent, pis endiablés - court la rue en pleine ville, poursuivie par un maquignon, le bâton à la main, hurlant ses grands dieux qu’on ne l’y reprendrait plus…

Mercredi 28 avril 2004.

Fait ce jour : dernier petits rappels aux participants de l’exposition T.E.L. MIS À NU. Chacun semble au point. Une seule défection de dernière minute. Une petite anicroche avec un sculpteur qu’on croyait peintre (mais le mal est réparé). La déconvenue pour la publicité sur Internet, mais les cartes semblent une alternative non négligeable. Les correspondants/vente sont sur les starting-blocks. Y a plus qu’à !

 

ecrire
Ecrire une réponse dans le forum

 

Ecrivez votre impression
dans le livre des invités
de Dominique Boucher

 




Стили: Произведение Искусства : Surréalisme - Образная - Образный - Реализм - Символизм - Сюрреализм - Фигуратиф
Техника: Произведение Искусства : Гуаша